J’ai toujours aimé les femmes bizarres. F. Corvol
Merci à François Corvol pour ce texte sublime dont je te fais la lecture.
J’ai toujours aimé les femmes bizarres, les folles, les solitaires, les moches aux yeux des autres, les addicts. Les énervées, les passionnées, imprévisibles. J’ai toujours aimé les femmes au tempérament détestable, les obsessionnelles, les dépressives. Les cinglées. Créatives. Les beautés étranges.
J’ai toujours aimé celles qui n’aimaient pas l’amour ou qui en avaient peur. Les déraisonnées et les “mal faites”. Les naives. Les lectrices. Celles qui pensent parfois à la mort (parce-qu’on ne peut pas aimer profondément la vie sans). Celles en qui quelque chose ne tourne pas rond. Les complexes, complexées, fissurées. Les oubliées, mises de côté. Troublées, esseulées, aux goûts enchevêtrés. Qui croient dur comme fer en leur “truc”. Les trop fragiles pour ce monde. Perdues. Multiples. Contradictoires. Les exilées sur Terre. Assombries. Talentueuses. Chanceuses infortunées. Suicidées passives. Incomprises. Les “dans leur monde”. Fainéantes, frénétiques par intermittences. Mystique.
J’aime celles qui sont prises pour des ratées, folles à lier ou illuminées. Celles qu’auparavent on brûlait pour sorcellerie. Celles qui sont à côté de la plaque. Celles qui vont tout au bout de leurs mirages, jusqu’à les rendre vrais. Mystifiées. Confuses. Fidèles à elles-mêmes. A leur déraison. Par amour du différent, de ce qui ne subsiste parfois de vitalité, de souffle naif, tout au fond des êtres et qui n’est pas perdu. Cette despotique rébellion, cet intime tumulte.
Ces êtres en qui la déshumanisation n’a pas pu terminer son travail morbide. En qui ça a cloché. Celles en qui quelque chose de l’enfance est resté et ne veut pas mourir. Les poétesses. Et ce mot n’est pas léger en moi. J’aime pour toujours. Celles qui ne sont pas ordinaires. Qui ne sont pas la conformité. Je les trouve magnifiques. Les vivantes.
François Corvol
Erratum : François Corvol pas Cornol.
NB : Je ne suis pas la seule inspirée, je découvre cette lecture de Michel Debray